Une grande partie des élèves du C.C étaient pensionnaires soit dans l'internat du Lycée, soit dans des familles d'accueil ou des pensions comme celle ou la célèbre pension BODIN impasse Jules Ferry et celle de Mme BENDA située au 16 de la rue Ambroise Paré. Il y avait également la pension RABIN, 11 ou 11 bis rue de Nantes ( actuellement n° 49 ) qui a dû fermer en 1959 ( au décès de Monsieur RABIN )et où tous les pensionnaires ( 12 à 15 ) qui d'après un Ancien, prenaient leurs repas mais ne couchaient pas tous sur place; trois familles voisines mettant des chambres à leur disposition :

- Chez la famille MARCOU pour deux ou trois chambres, à l'angle de la rue de Nantes ( au n°41 )et de la rue des Tuyaux ( au n° 39 ) actuellement rue du cardinal Suhard.
- Une ou deux chambres chez Mlle CHARRIER au n° 72 actuellement de la rue de Nantes, elle-même colocataire de l'entreprise de scierie ,Veillé.
- Deux chambres avec 3 ou 4 locataires chez Monsieur et Mme BOYER dans l'impasse de la Guinoisellerie ( n° 3 ), à l'époque "la ruelle" ( appellation Rabin garantie ).

     Tous les repas et petits déjeuners étaient pris chez RABIN; le prix mensuel de la pension étant de 10.000 francs environ. Mme RABIN, ancienne institutrice mettait un point d'honneur à suivre, avec rigueur, la scolarité de ses pensionnaires. Elle était particulièrement douée en maths, ce qui arrangeait assez souvent les affaires de Monsieur CHRISTIENNE qui se fourvoyait parfois dans l'énoncé des problèmes d'arithmétiques qu'il nous donnait à faire à la maison, car souvent les seuls à avoir trouvé les résultats c'était "Ah… la pension Rabin!". Madame RABIN était d'après les dires, la seule à rencontrer" Bébert" assez souvent au sujet de ses pensionnaires.



L     es élèves faisaient plusieurs fois par jour la navette entre les différents lieux d'enseignement et leur internat ou pensionnat.

AU PETIT LYCEE.
     Si les cours d'enseignement général sont regroupés définitivement dans les locaux rue Crossardière par contre les problèmes de demi-pension et de logement des élèves internes de plus en plus nombreux ne sont toujours pas réglés obligeant certains demi-pensionnaires à faire l'aller et retour , le midi, au lycée Ambroise Paré, en rangs serrés souvent au pas accéléré sous la conduite de surveillants et certains internes de trouver un toit, parfois percé, dans les dortoirs du Lycée, ou dans les installations provisoires au stade Jean Macé.

     Conscient des difficultés, dès l'ouverture du C.C rue Crossardière, Monsieur LEGENDRE harcèle les services de l'inspection académique et de la mairie de Laval pour obtenir l'aménagement de dortoirs propres au collège.

     Les internes du C.C de Laval ont été jusqu'en 1955-1956 hébergés et nourris au lycée de garçons de Laval. A partir d'octobre 1956 l'augmentation des effectifs du lycée a restreint ses possibilités d'accueil aussi, pendant les années scolaires 1956-1957 et 1957-1958, une partie seulement des internes a été hébergée et nourrie par le lycée, tandis que les autres étaient installés dans des dortoirs aménagés dans les locaux du C.C.



RUE CROSSARDIERE
     Dès la rentrée d ' octobre 1956 un internat pour quelques élèves s'ouvre dans une classe au 2ième étage rue crossardière.
     Deux surveillants sont recrutés : Messieurs MOUSSU et BRUNETTO la fonction de Mme LEMOINE , nommée concierge de l’établissement à son ouverture en octobre 1955 se renforce: elle joue aussi le rôle d’infirmière. Les parents d’élèves reconnaissent que Mme LEMOINE s’occupe de leurs enfants avec beaucoup de dévouement, les soigne jour et nuit et remplace avantageusement les religieuses-infirmières du bureau municipal. Dans un courrier du 25avril 958 Monsieur PEPIN, Président de l’amicale demande au maire que la ville tienne compte de ces travaux supplémentaires en lui accordant une indemnité spéciale, Monsieur LEGENDRE transmet ce courrier avec un avis très favorable: Madame LEMOINE montrera toujours un dévouement digne de tous les éloges.

     L'année suivante le Maire de Laval accorde l'autorisation d'installer 69 lits (66 lits pour les élèves + 3 lits pour les surveillants) et met à la disposition du C.C des auberges de la jeunesse pour y loger 12 internes.

     En début d'année scolaire 1958 Monsieur LEGENDRE demande au maire une augmentation du nombre de places d'internes ( 15 à 20 lits supplémentaires ).

     Il signale d'autre part que Mme BENDA, à la demande de la directrice du C.C de filles, hébergera quinze filles du C.C de la rue St.André et qu'il faudra donc accueillir les quinze anciens pensionnaires garçons. Il propose d'aménager un dortoir ( à la place de la salle de dessin au 3ième étage.) rue Crossardière.



LA DEMI-PENSION
     A partir du 1er octobre 1958 la ville de Laval assure avec ses cuisines collectives la nourriture des élèves : 162 internes, 43 demi-pensionnaires, plus une cinquantaine d'internes-externés nourris dans l'établissement.

     Monsieur Michel RIMBAUD, instituteur au cours complémentaire de garçons est nommé pour cette raison économe au C.C. Il aura plutôt un rôle de surveillance et de secrétariat car en tout état de cause, il n'aura pas les repas à faire préparer.

     Ce régime posera toutefois le problème des tarifs d'internat ( la ville demandant qu'ils soient alignés sur ceux du lycée ). La décision sera prise par le ministre de l'Education Nationale...

LES PROBLEMES DES DIFFERENTS DORTOIRS
     La situation des élèves internes devient préoccupante: L'Inspecteur d'Académie P. SEGUREL dans un rapport daté du 15 février 1963 indique :" L'internat du C.E.G de garçons de Laval compte actuellement 173 élèves internes. Deux dortoirs seulement sur cinq se trouvent dans les locaux de l'établissement ( l'un dans la salle de dessin, l'autre dans une salle de classe ). Deux autres dortoirs sont situés rue du lycée: ils sont installés dans un ancien grenier à blé au mépris des règles les plus élémentaires de confort, d'hygiène et de sécurité. Enfin, un dortoir a été aménagé, rue Jean Macé, dans la salle de réunion du stade lavallois. Ces 3 derniers dortoirs sont situés à environ 1.5 km du C.EG. il est donc superflu de souligner tous les inconvénients que présente l'organisation actuelle de l'internat.

     La construction envisagée sur l'emplacement de l'ancienne usine Privas, située rue Dubois Fresnay, à moins de 100m du CEG, s'avère donc urgente ".

...Surtout celui de la rue du lycée
     Dix jours avant ce constat de l'Inspecteur de l'académie M. LEGENDRE portait à la connaissance du maire les nombreuses réclamations qu'il recevait de la part des parents, pour les dortoirs de la rue du lycée: on se plaint de l'insuffisance du chauffage et du manque d'hygiène de ces dortoirs.



     … et dans ce courrier au maire il juge anormal que dans une ville où l'on cite actuellement toutes les réalisations spectaculaires, il existe encore un taudis comparable à celui du lycée; j'ai réussi, dit-il, en surchargeant les autres dortoirs, à supprimer celui du 2ième étage: ce locae est en effet inhabitable par ces temps froids. Dans les autres dortoirs les lits se touchent ce qui est contraire au règlement. De nombreux internes qui couchent Rue du lycée sont malades. Je suis obligé d'aller presque tous les matins les chercher avec mon auto. Il me semble que ce n'est pas le rôle d'un directeur de C.E.G; ce matin ,signale-t-il, j'ai été obligé de prendre un taxi. Puisqu'aucune amélioration ne peut intervenir dans l'immédiat, les remarques précédentes pourraient peut-être inciter l'administration à commencer rapidement la construction de l'internat prévu rue Dubois Fresnay. (c.q.f.d.).

PROJET D'UN INTERNAT RUE DUBOIS-FRESNAY

     ...Du côté de la ville et de l'inspection académique
Dès 1958 est lancée l'idée d'aménagement de dortoirs dans les locaux désaffectés de l'ancienne usine Privas rue Dubois Fresnay tout près du C.C,( usine convoitée aussi par l'office communal pharmaceutique à l'étroit dans les locaux vétustes de la rue des Fossés. )

     Le maire de Laval ,dans une lettre datée du 29 janvier 1959, opte pour le projet de l'internat du C.C mais l'étude de faisabilité sera longue car il rappelle qu'un internat est un service d'état et que la ville n'intervient que dans la mesure où les travaux sont subventionnés.

     Lors du conseil municipal du 15 mars 1963, Monsieur Auguste BEUNEUX, ancien professeur au C.C et rapporteur de la commission précise que la ville a acquis l'ensemble des locaux industriels, bâtiments et terrain sis n° 7 rue Dubois Fresnay appartenant anciennement à la société Privas. Ces locaux sont destinés à l'aménagement d'un dortoir pour le C.E.G: l'accroissement des effectifs de l'internat rend urgent l'aménagement qui doit être confié à un architecte.

     Le 1er avril de la même année l'Inspecteur d'Académie adresse au maire les propositions de programme pédagogique concernant la construction de nouveaux locaux d'internat en rappelant les effectifs de l'année 1962-1963 ( pour un total de 493 élèves il y avait 207 externes, 113 demi-pensionnaires et 173 internes.)

...Du ministère
     Le directeur général de l'organisation et des programmes scolaires au ministère : Monsieur G. JAFFRAY, confirme la progression des effectifs et prévoit 600 élèves pour la rentrée 1963 ( se décomposant en : externes: 100; 1/2 pensionnaires : 308; internes : 192 ) et donne l'avis suivant: le C.EG de Laval est le plus ancien du département; malheureusement les internes sont logés dans de mauvaises conditions dans des bâtiments éloignés de l'externat.

...Et de M. LEGENDRE
     Monsieur LEGENDRE ayant rappelé les difficultés qu'il rencontre précise qu'elles devraient inciter l'administration à commencer rapidement la construction de l'internat prévu rue Dubois Fresnay .avec 4 dortoirs de 48 élèves chacun et les services de bouche ( 200 places avec double service le midi ).

LE PROGRAMME PREVU
     Ce programme pédagogique afférent à la construction d'un internat au C.E.G de garçons de Laval est transmis à la direction de l'équipement scolaire, universitaire et sportif à la date du 4 septembre1963. Quinze jours plus tard ce service précise en outre la nécessité d'un service d'économat pour 510 élèves et 35 membres des personnels et prévoit un logement de surveillant général de 85 m2 environ, un logement de 70 m2 de secrétaire d'intendance , un logement pour un agent marié de 70 m2 et 6 chambres de maîtres d'internat de 12 à 15 m2 environ chacune.

Vue de la façade de l'internat donnant sur la rue DUBOIS FRESNAY.
Et plan d'un étage.


LES LENTEURS ADMINISTRATIVES
     Une lettre du ministère fait connaître que la construction de l'internat figure sur la liste complémentaire des opérations susceptibles d'être financées en 1964 et attire l'attention sur le fait que le maître d'ouvrage, qu'il soit d'état ou de la ville, prend à sa charge les risques et aléas financiers de l'opération, la ville si elle désire conserver la maîtrise de l'ouvrage ne peut s'attendre qu'à recevoir des subventions forfaitaires de l'état.
Le ministre lui même, à l'époque M. Christian FOUCHET informe dans un courrier du 14 Novembre1963 Monsieur André DAVOUST, député, que le programme de construction a été approuvé.
     Le 4 janvier 1964 le Préfet VOCHEL demande au Sénateur-Maire que la décision de la ville intervienne rapidement afin que les études de ce nouveau projet puissent être entreprises dès que possible et invite son conseil municipal à choisir entre les deux formules pour la réalisation du projet de construction de l'internat.
     Le conseil municipal le 27 mars 1964 décide de laisser la maîtrise d'ouvrage à l'état, la participation de la ville devenant de ce fait forfaitaire. Il formule le vœu que M. LE CHEVREL architecte pressenti par le Conseil Municipal comme maître d'œuvre de ce projet soit conservé par l' Etat ( compte tenu du fait que des pourparlers avaient été engagés avant que la réglementation sur les constructions scolaires ne soient modifiée).

     Cet architecte avait signalé, dans un courrier antérieur, la difficulté de construire l'internat aux usines Privas et proposé de déplacer le C.E.G en réaménageant l'école primaire F.Puech, existant rue Solférino.

ECHEC DU PROJET : FIN DE L'INTERNAT
Les lenteurs de la centralisation administrative vont faire échouer le projet.
     Une lettre du préfet de région au préfet de la Mayenne en date du 1er avril 1965 précise que la construction d'un internat au C.E.G de Laval devra être différée, la politique actuelle tendant à donner priorité à la construction de l'externat et de la demi-pension des premiers cycles et à supprimer les internats à ce niveau, dans toute la mesure du possible, par une généralisation des transports scolaires .
     Une autre lettre provenant du ministère et datée du 18 mai de la même année rapporte que l'opération de l'internat retenue en 1964 sur une liste complémentaire n'a pas été reportée en 1965 pour des raisons juridiques ( le C.E.G est lié à une école primaire alors que les subventions de l'état ne vont qu'au premier cycle ) et d'opportunité ( favoriser l'accueil à l'externat par l'organisation d'un service de ramassage scolaire).

Trop de lenteurs administratives... évolution du système scolaire... le projet d'internat est définitivement enterré.

FERMETURE DES DORTOIRS RUE CROSSARDIERE
     Suite au départ en retraite de M. LEGENDRE , l' Inspecteur d'académie Monsieur GERMAIN fait connaître au nouveau directeur du C.E.G que le maire de Laval n'accepte plus la possibilité de conserver des dortoirs annexes du C.E.G rue Crossardière. Il est donc demandé une ventilation des élèves internes afin que l'effectif ne dépasse pas 70.
En fait, l'internat fermera définitivement en juin 1969.
     A partir de la rentrée scolaire 1969-1970 l'établissement scolaire n'est plus que l' annexe du C.E.S Pierre de Coubertin, dirigé par Monsieur DIGUET.
L'excédent budgétaire de l'exercice 1969 transféré au fonds de réserve de l'internat sera affecté pour des travaux de peinture des classes et des couloirs, travaux qui seront exécutés pendant les grandes vacances scolaires de 1970 par une équipe d'ouvriers
marocains recrutés par l'entreprise Lucas et transportés par charter spécial...